04.95° N - 08.31° E

Le Nigeria tient son nom du fleuve Niger ( Niger étant déjà squatté par des types du Nord), c'est l'ancien Royaume de Calabar, une confédération de 12 Cités-Etats fondée 1000 ans après la cité ancêtre de Efik. Calabar, dit la légende, fut fondée par des jumeaux ( pas de référence ici à une quelconque louve...) bien des années plus tard en 1850 c'est ici que la première église du Nigeria fut bâtie. Calabar est aujourd'hui largement supplantée par l'immense et bourdonnante Lagos, la capitale.

Aux VIe et IIIe siècles av JC, au Nord vivent les Haoussas, célèbres pour l'art de la civilisation de Nok et ses statuettes, très prisées des musées français; au Sud les Yorubas et les Ibos vivent sous leurs influences. Du VIIIe au XIIIe siècle, l'Empire musulman de Kanem-Bornou qui s'étend de l'Ouest du Lac Tchad jusqu'au Soudan rivalise sans succés avec l'Empire du Mali pour le contrôle des Etats Haoussas. Puis ceux-ci passent sous la domination de l'Empire de Songhai. Au XIVe l'Empire s'effondre et les non-musulmans du sud, Yorubas et Ibos, fondent les 2 royaumes de Oyo et Bénin qui ressuscite la civilisation de Nok.

Tête Nok - 500 av JC

XVe -XVIe

En 1452, les Portugais arrivent sur les côtes du Royaume du Bénin. Au début du XVIe, ils organisent le commerce des esclaves à partir de leurs comptoirs installés dans le delta du Niger, la région prend le nom de Côte des Esclaves. En 1533, les Anglais détruisent les comptoirs portugais et prennent à leur compte le trafic des esclaves. Les Portugais quittent définitivement le pays en 1713. Fin XVIIIe, dans le nord du pays, Ousman dan Fodio prend la tête d'un vaste mouvement populaire et spirituel qui en quelques années impose l'Islam à un immense territoire. Du XVII au XVIIIe siècle le Royaume Yoruba d'Oyo s'étend à l'Ouest jusqu'au Dahomey (actuel Bénin) et au Togo mais les conquérants Peuls venus du Nord le détruisent en 1835. Le Royaume Ibo du Bénin, lui se maintient. Au XIXe le Consul anglais s'installe à Calabar puis à Lagos. De 1861 à 1900, les Britanniques soumettent peu à peu le pays, qui devient une colonie de leur immense Empire en 1914. Le traité de Versailles partage, en 1918, la colonie allemande du Cameroun entre la France et la Grande-Bretagne. 2 territoires allemands sont rattachés au Nigeria, L'un peuplé de Peuls est intégré au Nord, l'autre de Bamilékés au Sud. En 1922, des élections directes sont organisées pour la première fois à Lagos et à Calabar. En 1945, une constitution fédérale est adoptée et l'indépendance effective le 1er juillet 1960. Les tensions sont nombreuses en particulier entre le Nord et le Sud, en 1964 débutent de graves affrontements.

Oba du Benin - 1910

Le 30 mai 1967, l'Est du pays fait sécession et prend le nom de République du Biafra. Juillet 67, début de la guerre qui oppose les 6000 combattants du Biafra soutenu par la France, aux 60 000 puis 80 000 hommes des forces armées nigeriannes aidées par l'URSS, l'Egypte et la Grande-Bretagne. Dès la fin octobre, les Nigerians reprennent les villes d'Enugu et Calabar. Le 13 janvier 1970, le Biafra capitule. Le bilan est dramatique : un million de morts dont des milliers d'enfants morts de faim.

Après de multiples coups d'état militaire, c'est aujourd'hui un ancien général, élu démocratiquement en 1999 puis en 2003, Olusegun Obasanjo, qui est le Président de la République. Le Nigeria est fréquemment en proie à des querelles tribales, politiques ou religieuses, (le nord du pays, musulman, a adopté la charria), mais le plus souvent c'est la situation et les problèmes économiques qui en sont les réelles causes.

Femmes, femmes...

Les Ibos du Biafra constituent toujours une minorité politique importante. Les Ijaws, ethnie vivant dans le delta du Niger où est extrait le pétrole, se sont soulevés contre le gouvernement qu'ils accusent de connivence dans la pollution de l'environnement et de ne pas redistribuer les dividendes de la manne pétrolière. Le MEND, Mouvement d'Emancipation du Delta du Niger, rodé aux techniques commandos, s'en prend aux intérêts étrangers en enlevant des ingénieurs contre rançons. Pour le gouvernement, le MEND est un groupe criminel qui n'a rien à voir avec la minorité Ijaw. Pourtant, leurs revendications initiales ne sont pas sans fondement. Le Delta du Niger est devenu en quelques années une des zones les plus polluées de la planète et les Nigerians vivent toujours pour la plupart sous le seuil de pauvreté.

Le Juge Okechukwu Okeke de la Haute Cour fédérale de la ville de Port Harcourt a ordonné, le 24 février 2006, le paiement d’une somme de 1,5 Milliard de dollars par Shell aux Ijaws de l’Etat de Bayelsa, le plus important groupe ethnique de la région du Delta du Niger. Ce jugement fait suite à une directive de l’Assemblée nationale nigériane que les Ijaws ont saisi pour demander réparation pour la dévastation de leur environnement par l’exploration et l’exploitation pétrolières menées par Shell. Le géant pétrolier anglo-néerlandais a jusqu’au 22 mai pour verser ce dédommagement aux Ijaws. La compagnie a, bien entendu, fait appel.

En mai 2006, les sénateurs repoussent l'amendement constitutionnel, visant à permettre à Obasanjo d'effectuer un troisième mandat, une cinglante défaite pour le People's Democratic Party du président. Les eléctions de 2007 s’annoncent déjà comme mouvementées.

Olusegun Obasanjo

né en 1937

Ousman dan Fodio (1754-1817) est un toucouleur, un des premiers peuples au Soudan à recevoir le message de Mahomet et qui l’a intimement assimilé. Lettré et aussi fin stratège que psychologue dan Fodio est ulcéré par le traitements et les brimades que subissent ses frères musulmans de la part de monarques qui mélangent allégrement Islam et animisme. Il forme ses disciples à la lutte contre le paganisme, lance des pamphlets mais il s’agit avant tout d’acte de résistance à un, des pouvoirs considérés comme oppresseurs sur le plan religieux et social.
Peu enclins à se laisser déposséder les souverains de la région, par mesure préventive massacrent les musulmans, et les Peul. Action qui a pour effet immédiat de jeter dans les bras de Dan Fodio les populations concernées. Ses cavaliers, ses soldats n’éprouvent aucune crainte, au bout du combat deux issues : la victoire ou le paradis. A ces conditions face à des guerriers expérimentés mais le plus souvent mercenaires ou esclaves la victoire finit toujours par arriver.

Cavalier - XVe siècle

En 1809, une ville née symbole et capitale de ce nouvel état : Sokoto.(carte)
Ousman dan Fodio écrit : « Et je dis (et le secours vient de Dieu !) qu’un gouvernement doit être fondé sur cinq choses : la première c’est que le pouvoir ne doit pas être donné à celui qui le recherche ; la seconde est la nécessité de la consultation ; la troisième est l’abstention de la violence ; la quatrième est la justice ; la cinquième est la bienfaisance.
Les ministres doivent être au nombre de quatre : le premier c’est un vizir intègre chargé de réveiller le souverain s’il s’endort, de lui ouvrir les yeux s’il s’aveugle, de lui rafraîchir la mémoire s’il oublie. Le pire des malheurs pour un peuple, c’est d’avoir un vizir malhonnête. L’une des qualité d’un vizir, c’est d’être compatissant et miséricordieux à l’égard des gens. Les trois autres ministres sont préposés à la justice, à la police et aux impôts. »
Sa tombe à Sokoto est toujours un lieu de pèlerinage.
Après lui son frère, son fils et son petit-fils règnent sur l’immense domaine dont les multiples royaumes et chefferies reprennent peu à peu leurs autonomies politiques, seule la primauté spirituelle de Sokoto reste au-dessus de toute contestation.

Et n'oublions pas le célèbre Python de Calabar !