Capitale : Kigali

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Franc Rwandais

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En 1907, les Allemands installent leur poste de commandement militaire, au centre du Rwanda à Kigali, un village qu'ils ont choisi comme "capitale".
Le « Ruanda-Urundi » colonial géré par la Belgique pour la Société des Nations (1923-1946), puis pour les Nations Unies (1946-1962) est administré depuis Usumbura (nom swahili de Bujumbura au Burundi). L'administration belge et plus encore les missions catholiques craignent l'urbanisation, porteuse de contestation politique et sociale.
Quand le territoire est divisé, en 1962, pour former les nations indépendantes du Rwanda et du Burundi, Kigali devient la capitale du Rwanda. A ce moment, Kigali est une bourgade de 5 000 h, quand Bujumbura en compte 45 000.
Kigali, vue depuis les collines
Le Rwanda indépendant s'est lui aussi défié des villes : sa croissance est contrôlée, un emploi régulier est obligatoire pour y résider (54 200 h. en 1970, 114 449 en 1978, 226 700 en 1985, 250 000 en 1994). La ville est entourée de campagnes fortement peuplées. Les infrastructures urbaines ne se développent réellement qu'à l'occasion du sommet des chefs d'État de l'OCAM (Organisation Commune Africaine et Malgache, communauté francophone) en 1976.
Kigali est située dans une région de collines à une altitude de 1830 m, elle bénéficie d’un climat modéré toute l'année.
Centre politique, Kigali est aussi un centre industriel (produits textiles, chimiques et traitement de l'étain), sans concentrer tout le secteur secondaire du pays, elle constitue un pôle commercial pour la production locale, notamment de café, de bétail et de minerai d'étain (cassitérite).

Une route nationale relie la ville au Burundi, au sud, et à l'Ouganda, au nord. On y trouve un aéroport international et un collège d'enseignement technique supérieur.
Kigali, vue depuis les collines - 2
Histoire du Rwanda
L’histoire du peuplement du Rwanda est identique à celle du Burundi voisin.
Les traces les plus anciennes remontent à –1000 av JC. A cette époque, il s’agit vraisemblablement de Barenge, un peuple apparenté à la culture bantou.
Les premiers habitants connus sont des Twa (Batwa), des pygmoïdes chasseurs-cueilleurs.
La première grande migration amène dans la région, les Hutus d’origine bantoue. Des sédentaires, agriculteurs qui défrichent la forêt.
Le Xe siècle voit l’arrivée des premiers Tutsis. Ces pasteurs d’origine nilotique viennent du nord à la recherche de nouveaux pâturages pour leurs troupeaux. 3 vagues importantes de migrations tutsis se succèdent jusqu’au XVIIIe.
Les Tutsis s’imposent peu à peu comme les maîtres dans la région, leurs monarques, Mwani, instaurent l’Ubuhake, un système institutionnalisé où le Tutsi (vainqueur) impose son pouvoir au Hutu (vaincu). Les Hutus travaillent sur les terres des Tutsis qui en échange leur garantissent une protection militaire. Dans les faits, cette distinction est essentiellement économique. En effet, un riche Hutu peut devenir un Tutsi et un pauvre Tutsi être ravalé au rang de Hutu.
La centralisation politique, sous contrôle de la dynastie Tutsi divise le pays en 21 provinces et institue un triple système de chefs nommés qui se contrôlent mutuellement. Les chefs de sols qui rassemblent les prestations en produits agricoles et arbitrent les contestations foncières ; sont généralement d’origine Hutu. Les chefs du bétail qui réglementent le pâturage et perçoivent les redevances en produits animaux ; sont d’origine Tutsi de même le plus souvent que les chefs d’armées. Les mariages inter “caste“ ne sont pas proscrits sauf dans l’aristocratie, les souverains sont impérativement des Tutsis du clan royal des Banyiginyas. Le mwami (roi) est considéré comme un être sacré dont les pouvoirs sont d’origine divine. Symbole de son autorité, un tambour appelé kalinga, également sacré dont on ne joue jamais.
La formation du royaume du Rwanda débute au XVIe siècle, sous le roi Yuhi Gahima, et se poursuit jusqu’au XVIIIe. Une fois les petits royaumes rassemblés sous une seule “bannière“, le Rwanda connaît une grande stabilité. Tous les sujets, Banyarwanda, parlent une même langue le kinyarwanda. Ce qui donne très tôt à la région une grande homogénéité.
La puissance du Rwanda s'accroît avec la création d'armées frontalières par Cyilima Rujugira, vers le milieu du XVIIIe siècle. Annihilant les tentatives d'expansion du Burundi, elles permettent la conquête du Gisaka (sud-est du pays) et des bords du lac Kivu, au début du XIXe siècle.
Géographiquement protégés des intrusions, les deux pays résistent à la pression des Arabes et des Swahilis à leurs frontières et ne seront vraiment en contact avec les Européens qu’à la fin du XIXe. Ils ne souffriront que peu de la traite d’où une population nombreuse qui surprendra par sa densité les premiers explorateurs.
Princesse Tutsi et ses suivantes
Début XXe siècle
En 1858, les Britanniques John Hanning Speke et Richard Burton découvrent la région des Grands Lacs, mais ne pénètrent pas dans le pays.
Comme son voisin, le Burundi, le Rwanda est l'un des rares pays d'Afrique dont les limites territoriales préexistaient à la colonisation.Les deux pays sont parmi les derniers en Afrique à être colonisés.

Une fois de plus, tout se joue en 1884/85, bien loin des territoires concernés, lors de la Conférence Internationale de Berlin, qui attribue les régions du “Ruanda-Urundi” et du Tanganyika à l’Allemagne.
Premier blanc à fouler le sol rwandais sur l'île du lac Ihema, l'explorateur anglo-américain Stanley se heurte à l’hostilité des habitants. Il se replie illico.
En 1892, Oscar Baumann, un explorateur et médecin autrichien traverse le Rwanda par l'Est et continue son périple vers le Burundi.
Le Comte von Gotzen est reçu, en 1894, par le roi Kigeli IV Rwabugiri (ou Rwabugili) à Kageyo.
En 1898, les Allemands installent le premier poste à Shangi, sur les rives du lac Kivu. Léopold II (roi des Belges), qui considère ce territoire comme lui appartenant en propre, est furieux. En 1899, Les Allemands signent avec lui le traité Héligoland –Zanzibar qui entérine leur domination sur le Rwanda. La même année, affaibli par des querelles de succession, le Mwami (souverain) Musinga reconnaît le protectorat allemand en échange d'une promesse de soutien.
Agriculteur Hutu
Début XXe siècle
La mise en valeur du territoire est confiée à la Deutsche Ostafrika Gesellschaft. La compagnie incite les Swahilis à étendre leur commerce à la région et entreprend la construction d'une voie de chemin de fer reliant la région des Grands Lacs à la côte tanzanienne.
Les frontières avec le Congo belge (l'actuelle République démocratique du Congo) sont définies en 1910.

La Première Guerre mondiale et l'expédition belge de 1916 stoppent les velléités coloniales de la Grande Allemagne.
En 1922, entérinant la situation, la SDN confie le mandat d’administration du Rwanda à la Belgique. Le territoire associé au Burundi devient le Ruanda-Urundi. Les Belges démantèlent le système de l’ubuhake tout en maintenant un mwami, choisi parmi les Tutsis.
Le vieil adage « Diviser pour mieux régner » devient principe de gouvernement, l’administration coloniale belge joue à fond la carte de la différence ethnique. Elle crée de toute pièce une rivalité, une hiérarchie entre les hommes, une ségrégation qui sera le terreau bien des années plus tard d’un des drames les plus affreux qu’est connu une population.
Entre 1934 et 1935, le peuple rwandais est soumis à un « recensement » unique en son genre. Il s'agit plutôt d'un « échantillonnage », effectué au niveau des sous-chefferies, qui porte sur les hommes adultes et valides. Au cours de ce recensement, l'administration impose comme critère d'appartenance au groupe « ethnique » Tutsi le fait de posséder au moins dix têtes de bétail bovin. Le reste de la population est assimilé aux groupes « ethniques » Hutu ou des Twa selon les professions. Le livret d'identité délivré à cette époque porte la mention du «groupe ethnique» de chaque citoyen. La conséquence immédiate fut de figer chaque citoyen rwandais dans tel ou tel groupe ethnique Hutu, Tutsi ou Twa, contrairement à la réalité sociologique du pays.
Dans un premier temps, les Belges renforcent l’hégémonie des Tutsis, en conservant leurs privilèges, en assurant avec le concours des églises, éducation scolaire et formation ( voir Bujumbura-Burundi).

En 1946, les Nations Unies prolongent de facto le mandat SDN pour le Ruanda-Urundi et demandent à la Belgique de préparer la transition vers l’indépendance.
Confrontée aux velléités indépendantistes des intellectuels Tutsis, en 1950, l’administration coloniale tourne casaque. Sous couvert d'installer une certaine justice sociale, elle encourage les Hutus à se révolter contre ce qu'elle appelle le «féodalisme» Tutsi et appuie voire excite les revendications Hutus. L'Église encourage ce retournement en suspectant le nationalisme Tutsi d'influence communiste.
Détail d'un carte d'identité rwandaise portant la mention de l'ethnie
Dans un pays à présent fortement divisé, les Tutsis, moins nombreux, craignent après l’indépendance une domination Hutu. En 1956, tous les hommes adultes obtiennent le droit de vote, de nombreux Hutus sont élus aux conseils locaux. Les Belges encouragent les Hutus dans leur quête de pouvoir politique, exacerbant encore les tensions entre les deux “groupes ethniques“.
En 1957, un groupe d'anciens séminaristes rédige le Manifeste des Bahutus qui dénonce le monopole politique, économique, social et culturel des Tutsis. Le clivage entre les deux communautés augmente avec l'intervention de l'ONU, favorable au nationalisme indépendantiste des Tutsis.
En 1959, la mort subite du roi Mutara II et l'intronisation de son successeur, Kigéli V, sans l'accord de la Belgique, donnent le signal de l’affrontement. Les Hutus attaquent les Tutsis. On compte les morts Tutsis par milliers, et des milliers d’autres se réfugient dans les pays voisins. Après deux ans de tourmente, des élections ont lieu sous l’égide des Nations unies. La monarchie Tutsi est abolie. Le Rwanda devient une république gouvernée par un président.
En 1962, les nations indépendantes du Rwanda et du Burundi accèdent à l’indépendance.
Tutsi, Hutu et Twa du temps où le seul véritable ennemi était le colon
Les conflits entre Tutsis et Hutus se poursuivent. Les Hutus tiennent le gouvernement. A la fin des années 1960, les Tutsis qui occupent des postes importants au sein du gouvernement, du système d’éducation et de l’Église en sont chassés.
En 1973, le gouvernement est renversé lors d’un coup d’État dirigé par Juvénal Habyarimana, il va exercer le pouvoir durant 21 ans.
Il met en place un pouvoir fort, appuyé sur les Hutus de sa région natale, le Nord, et sur le Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND), érigé en parti unique. Habyarimana instaure une politique raciste et extrémiste, avec un programme d'épuration ethnique: des quotas ethniques limitant l'accès des Tutsis aux écoles, aux emplois... Son régime reçoit l'appui de la France et de la Belgique qui à plusieurs reprises envoient des troupes pour le maintenir au pouvoir. Au clivage Hutus, Tutsis se substitue un clivage entre les partisans du régime, pour l'essentiel des Hutus extrémistes, et une opposition désormais constituée de Tutsis et de Hutus modérés. À l'extérieur du pays, une opposition armée se forge autour du FPR (Front patriotique rwandais), présent essentiellement en Ouganda et fort d'environ 10 000 «rebelles». Le FPR, souvent présenté comme un mouvement Tutsi, est en réalité un mouvement multiethnique, au sein duquel les Tutsis sont certes majoritaires, mais dont le président est un Hutu.

En 1990, depuis ses bases ougandaises le FPR envahit le Rwanda. Début 1993, les “rebelles“ menacent Kigali. En août 1993, les accords d'Arusha (Tanzanie) consacrèrent le partage du pouvoir entre l'opposition intérieure, élargie au FPR, et le parti du président. Appuyé par les ultras du MRND et par le CDR (Coalition pour la défense de la République), un autre parti extrémiste, le président Habyarimana multiplie les manoeuvres pour ne pas appliquer ces accords. Le 6 avril 1994, dans un contexte d'incitation à la violence de la part des médias gouvernementaux, Habyarimana et Ntaryamira ( le Président Burundais) meurent dans l'avion présidentiel abattu dans des conditions toujours non élucidées. Quelques heures après, les extrémistes Hutus et leur milice les Interhamwe, massacrent les Hutus de l'opposition, qu’ils tiennent pour responsables du crash et organisent le génocide des Tutsis.
Plus d’un million de Tutsis et de Hutus modérés, hommes, femmes, enfants sont sauvagement massacrés. Deux millions de Rwandais fuient vers les pays limitrophes pour échapper au génocide.
Les organismes internationaux n'interviennent pas, les anciennes puissances coloniales jouent toutes la carte de l'impuissance, le gendarme du Monde ne trouve pas le Rwanda sur la carte du monde. Par médias interposés, le monde entier assiste effaré à ces massacres barbares d'une violence inouïe, à cet exode dramatique dont les images, aujourd'hui encore, hantent bien des journalistes présents. Un acte insensé, horrible qui fige dans l'angoisse, la peur et hélas, la haine des générations de Rwandais.
Le FPR lançe une offensive généralisée. Rapidement défaites, les FAR (Forces armées rwandaises) entraînent dans leur fuite vers le Zaïre plusieurs centaines de milliers de Hutus.
La France, enfin, lance l'opération «Turquoise», un moment soupçonnée de vouloir rétablir l'ordre ancien.
Dès le mois de juillet 1994, le FPR s'impose et met en place un gouvernement composé des partis d'opposition et nomme un Hutu P. Bizimungu, président de la République.
Camp de réfugiés Rwandais en Tanzanie en 1994
© Sebastiao Salgado
En novembre 1994, le Conseil de sécurité de l'ONU créé le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPR) qui siége en Tanzanie et doit juger les responsables des crimes contre l'humanité.
La situation des très nombreux Hutus dans les camps de réfugiés au nord-est du Zaïre, devenu entre-temps la République démocratique du Congo, est dramatique. Le nouveau gouvernement de Kigali leur demande de revenir, mais, selon toute vraisemblance, les responsables des massacres de 1994 les en empêchent.

En septembre 1996, une minorité tutsie de la République Démocratique du Congo (RDC) attaque ces camps de réfugiés. En novembre, alors que l'ONU s'apprête enfin à intervenir, une partie des réfugiés regagne le Rwanda, tandis qu'une autre s'enfonce vers l'intérieur de la RDC, un pays en proie à la guerre civile, dans des conditions sanitaires épouvantables.
En septembre 1998, hantés par la perspective d'un second génocide, les Tutsis du FPR au pouvoir à Kigali veulent officiellement créer dans l'est de la République démocratique du Congo une zone tampon qui les mettrait à l'abri des attaques des milices hutues réfugiées dans les provinces du Kivu. Officieusement, on peut légitimement se poser la question de l’utilité d’une zone tampon plusieurs fois supérieure en superficie au pays qu’elle est censée protéger, d’autant qu’elle inclus des régions de la RDC extrêmement riche en matières premières.
De son côté, le régime congolais de Kabila, se sentant pris en étau par les régimes tutsis en place au Rwanda, au Burundi et en Ouganda, affiche son appuie aux extrémistes hutus chassés du pouvoir au Rwanda. Accusant Kigali de vouloir créer un «empire tutsi», la radio congolaise appelle maintenant au meurtre de la diaspora tutsie (les Banyamulenges), celle-là même qui a aidé Kabila à parvenir au pouvoir, dans l'espoir que son régime mettrait un terme à l'intense collaboration qui unissait l'armée de Mobutu et les miliciens hutus responsables du génocide de 1994.
Le nouvel homme fort du pays, le général Kagamé qui cumule les fonctions de vice-président de la République et de ministre de la Défense, prend la direction du Front Patriotique Rwandais en février 1998.
En février 2000, convaincu de corruption au terme d'une enquête parlementaire, le Premier ministre hutu, Pierre-Célestin Rwigema, démissionne. Le nouveau gouvernement, dirigé par Bernard Makuza, exclue les principales personnalités hutues qui ont participé au gouvernement de «réconciliation nationale», mis en place après l'arrivée au pouvoir du FPR en 1994.
P. Bizimungu, le chef de l'État, démissionne à son tour en mars 2000 et charge le général-major, Paul Kagamé, d'assurer l'intérim au pouvoir. La crise illustre, une fois encore, la difficulté pour les deux communautés de mettre un terme à leurs différends.
Le président rwandais Paul Kagame (FPR) a été proclamé le mardi 26 avril 2003 vainqueur officiel de l'élection présidentielle de la veille avec 95,05% des voix, alors que son principal opposant, l'ex-Premier ministre Faustin Twagiramungu, réclame une nouvelle élection à la Cour suprême en invoquant l'absence de "transparence".

En 2004, devant la pression internationale et la menace de suspension des aides économiques, le Rwanda déclare qu’il n’enverra plus de troupes en RDC. Les Congolais répondent qu’elles y sont toujours et que des conseillers rwandais encadrent les troupes rebelles.

Paul Kagame
Né en 1957

En 2005, les tribunaux populaires rwandais, les gacacas, ont jugé plus de 4000 génocidaires présumés. 500 seulement ont été acquitté. Sur les 10 000 gacacas que compte le Rwanda seuls 118 sont en phase de jugement, les autres étant encore en phase d’instruction des procès.
La même année, Paul Kagamé non sans raison met en cause le rôle direct de la France dans le déclenchement mais aussi le déroulement du génocide.

En 1998, une mission de parlementaires français, après neuf mois de travail et de nombreuses auditions, a souligné, selon le journal Le Monde, "les erreurs, les fautes et l'aveuglement de la France avant le génocide." Elle a aussi critiqué l'opacité de sa politique africaine, domaine réservé de l'Élysée. Toutefois, elle a conclu, de façon assez paradoxale, que Paris n'avait aucune responsabilité dans les massacres de 1994 qui ont fait plus d’un million de morts.

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