Capitale : Paris

Monnaie :
Euro

GMT + 4 Tel. 33

www.fr
20.52° S - 55.28° E
En 1665, sur recommandation de Colbert, la Compagnie Orientale des Indes arme une flotte à destination de l’archipel des Mascareignes (Maurice, la Réunion, Rodrigues – voir carte). L'escadre quitte la Rochelle le 14 mars 1665. Au cours de l'expédition, un petit navire de 60 tonneaux, le "Saint-Denis" perd contact avec la flotte. Arrivé à Bourbon (la Réunion), il mouille sur la côte nord-ouest de l’île, devant l'estuaire de la future rivière Saint-Denis. Quelques années plus tard, en 1669, Etienne Régnault (gouverneur de l’île de 1665 à 1671), arrivée lui aussi lors de cette expédition avec une vingtaine de colons, fonde Saint-Denis le futur chef-lieu de l’île dans la même baie. Il baptise ainsi la bourgade en souvenir de l’amitié qui le lie à Chanlette, le capitaine du “Saint-Denis“. Un nom entériné par Jacob Banquet de la Haye, vice-roi des Indes, en avril 1671.
Saint-Denis
Choisie dès sa fondation pour abriter le siège du gouverneur, Saint-Denis perd sa fonction de capitale de l’île lors d’un court intermède entre 1723 et 1735, au profit de Saint-Paul. La décision d’en faire le Chef-lieu de l’île est officiellement prise, en 1738, par Bertrand-François Mahé de la Bourdonnais, gouverneur des Mascareignes pour le compte de la Compagnie française des Indes. A l’époque, la ville compte 2 166 habitants.
La cité est défendue par quelques batteries de canons disposées en le front de mer au bout de ce qui va devenir l’esplanade du Barachois, en périphérie du coeur historique de la ville.
En 1743, on y construit la première église et le nouveau palais du gouverneur (actuelle préfecture)
En 1770, le chevalier Banks, arpenteur du Roy, dessine les plans de la ville.
Le siège et l'entrepôt de la Compagnie des Indes sont construits en 1773, une belle bâtisse coloniale à colonnades, qui devient par la suite la résidence officielle des gouverneurs, puis des préfets.
Saint-Denis - Front de Mer
En 1790, Saint-Denis s'érige en municipalité et Joseph Jean Delestrac en devient le premier Maire.

En 1810, les Britanniques veulent s’emparer des Mascareignes pour sécuriser la route maritime des Indes, et mettre fin à la guerre de course menée par les corsaires français basés dans la région. Après Rodrigues, ils débarquent à la Réunion, à la Grande Chaloupe et font route vers Saint-Denis. La bataille se déroule à la Redoute, après la capitulation le 8 juillet , les Anglais poursuivent leur conquête vers l’île de France (Maurice).
La même année, le collège royal, premier établissement d’enseignement supérieur de l’île, ouvre ses portes à Saint-Denis.

En 1815, après la rétrocession par les Anglais, qui en revanche conservent les autres îles des Mascareignes, Saint-Denis devient la plus importante des cités françaises de l’Océan Indien.
Saint-Denis, arrivée du courrier, début XXe
La cathédrale est édifiée en 1829, l’évêché en 1845. Ce dernier abrite aujourd’hui les oeuvres d’art du musée Léon-Dierx. L’hôtel de ville, dont les travaux commencent en 1846 est inauguré en 1860 et reste en fonction jusqu’en 1979.
En 1866, la ville prend comme devise : " Praeter Omnes Angulus Ridet " (" Plus que tous, ce coin de terre me sourit "), empruntée au poète latin Horace.

Dans les années 1900, Saint-Denis n'est pas réputée pour sa très grande animation. Les Dionysiens se laissent aller à une douce torpeur. Les promenades, qui leur permettent de se donner en spectacle à eux-mêmes, restent la distraction favorite.

Le 19 mars 1946, La Réunion devient un Département d'Outre-Mer. La population de Saint-Denis, sa préfecture, compte 36 090 habitants.

En février1991, manifestations antigouvernementales à Saint-Denis. La saisie des émetteurs de la chaîne de télévision privée locale Télé Free Dom sert de détonateur, mais ces événements révèlent le mécontentement populaire profond face au taux de chômage record enregistré sur l’île. Les scènes d’émeutes et de pillages, du 22 au 26 février, renvoient à la fracture sociale profonde qui existe entre communautés sur l’île, mais aussi entre l’île et la Métropole. On dénombre huit morts, toutes victimes accidentelles du même incendie.
Saint-Denis, procession religieuse
début XXe
Aujourd’hui, première ville de l'Outre-Mer français, Saint-Denis est la capitale administrative, financière, économique et même intellectuelle de l’île. Elle concentre le 1/3 des entreprises de commerces, de services et d'industries et compte plus de 130 000 habitants, soit près de 20% de la population totale de la Réunion.
Derrière ses chiffres se cache une réalité dramatique pour une grande partie de la population, le taux de chômage reste l’un des plus élevés de France.
Histoire de l'île de La Réunion
Une simple énumération des différents patronymes de l’île pourrait tenir lieu d’historique succinct : Diva Maghrebin, Dina Margabim, Santa Appolonia, Mascarena, England Forrest, Mascarin, Bourbon, la Réunion, Bonaparte, Bourbon et enfin La Réunion.

La Réunion, comme toutes les îles de l’archipel des Mascareignes (voir carte) au large de Madagascar, est une île d’origine volcanique. Plus vaste et plus jeune et donc plus haute île de l’archipel (Pitons des Neiges, 3069 m), elle est la seule encore secouée par une activité volcanique intense avec le Piton de la Fournaise qui culmine à 2 631 m.

Les navigateurs arabes sont dès le Moyen-Âge les premiers à faire mention de cet archipel inhabité de l’Océan Indien que le navigateur Suhliman nomme Tirakka.
La Réunion - Piton de la Fournaise
Une carte, dressée en 1153 par le géographe arabe, Al Sharif Al-Idrissi, indique clairement les trois îles des Mascareignes, qu’il nomme Diva Mashriq, (l’île de l’est, Rodrigues), Diva harab (l’île déserte ou carrée, Maurice) et Diva Maghrebin (l’île de l’ouest, la Réunion) décrite comme une montagne de feu au milieu de l’océan. Une interrogation demeure quant à l’interchangeabilité des noms arabes de Rodrigues et Maurice.
Il semble vraisemblable que les navigateurs malais ou indonésiens en route pour Madagascar aient également eu connaissance de ses îles.
Les Portugais, qui ont appris son existence par les marchands arabes de la côte swahili, découvrent à leur tour l’archipel. Le navigateur Alphonso de Albuquerque en fait une première description sommaire en 1502. la même année le cartographe Alberto Cantino reproduit une carte musulmane et dessine la première carte européenne mentionnant ces îles. Il transforme leurs noms en Dina Mozare, Dina Arobi et Dina Margabim ou Marcobim.
Les “Hauts“ Réunionnais - 1
Aux alentours de 1507, Diego Fernandez Pereira et Tristan da Cunha croisent à leur tour dans ces parages.
Le nom de Mascarenhas (Mascareignes) désigne l’archipel sur les cartes en hommage à Pedro Mascarenhas qui localise, en 1512, la Réunion et la baptise Santa Appolonia. Si leurs navires y font de fréquentes escales de ravitaillement sur la route des Indes, les Portugais n’établissent ni comptoir, ni colonie sur ces îles qui restent désertes.
En 1613, un flibustier anglais du nom de Blackwell, impressionné par la végétation qui couvre l’île, la nomme England Forrest, un nom également employé par l’amiral hollandais Verhuff. Un patronyme qui ne restera pas y comprit sur les cartes de l’Amirauté britannique. Comment faire confiance à un pirate de mèche avec un amiral hollandais ?
Le Dieppois Salomon Gaubert débarque sur l’île de Mascarin en 1638 et en prend possession au nom de la France. L’île reste inhabitée. La Compagnie française de l'Orient, fondée en 1642 par le cardinal de Richelieu en obtient la concession pour dix ans. La même année, Jacques Pronis, le gouverneur français de l’embryonnaire et
La Réunion, escale de Bougainville
contestée colonie malgache fait déporté sur Mascarin 12 hommes (blancs et noirs), coupables de rébellion à Fort-Dauphin (aujourd'hui Tolagnaro, à Madagascar). 2 ans et demi plus tard les mutins sont récupérés en pleine santé, l’île est bien le paradis décrit.
En 1649, Flacourt, successeur de Pronis à Fort-Dauphin, prend à nouveau possession de l'île au nom du roi, et en hommage à la dynastie régnante en France la nomme île Bourbon. De 1654 à 1658, treize Français et six Malgaches y sont exilés et entreprennent de cultiver les terres. Très vite, les six esclaves s’enfuient sur les hauteurs, c’est le premier marronage connu dans l’île (fuite d’esclave par laquelle il laisse son maître marron, obligé de faire le travail lui-même). Les cyclones de 1657 et 1658 ravagent les plantations et l’île est abandonnée.
Bourbon retrouve son statut d’escale sauvage pour les navires peu nombreux qui, en partance pour les Indes, préfèrent la route des îles à celle du canal du Mozambique.
En novembre 1663, en provenance de Fort-Dauphin, Louis Payen accompagné d'un autre Français et d'une dizaine de domestiques Malgaches, crée dans l'île le premier poste permanent. C'est le début de l'occupation définitive de l'île Bourbon. L’île est placée en 1664 sous la tutelle de la Compagnie des Indes nouvellement créée pour assurer le peuplement et le développement des îles de l'océan Indien. Le premier débarquement de colons, une vingtaine d'hommes et de femmes, a lieu en 1665. Parmi eux Etienne Régnault premier gouverneur de Bourbon et fondateur de Saint-Denis.

Pour Colbert, le redoutable Contrôleur Général des Finances de Louis XIV, l’intérêt de l’île est commercial et financier. La compagnie considère Bourbon comme une escale où "entreposer les marchandises venant de l'Inde pour éviter que l'arrivage excessif des marchandises n'avilisse les prix.
Les “Hauts“ Réunionnais - 2
En échange de ce stockage, les bateaux chargent des "rafraîchissements", des vivres frais. Chaque colon est " invité" à élever 200 volailles, 12 porcs, 6 milliers de riz et 3 milliers de légumes et grains. Des produits qu’il n'a pas le droit d'exporter lui-même sous peine d'amende. “Toutes ces denrées doivent être apportées au commis des magasins du Roy où elles leurs sont payées suivant les taxes qui en sont faites". Bien entendu, les produits importés sont revendus beaucoup plus chers.

Les nouvelles arrivées de colons se doublent de l’envoi d’esclaves destinés pour la plupart aux plantations. En 1674, les rescapés du massacre de Fort-Dauphin par les populations autochtones (les Anousy) trouvent refuge à Bourbon. En 1686, le premier recensement dans l’île fait état de 286 personnes. En 1713, on dénombre 1173 habitants dont 581 esclaves. En 1732, la population est multipliée par 10, mais le rapport s’est inversé avec 6000 esclaves, sur les 8000 habitants que compte l’île.
Le commerce sordide n’en est pourtant qu’à ses balbutiements. L’essentiel des esclaves vient des Indes ou de Madagascar plus rarement du continent africain.
Dès le début de la colonisation des Mascareignes par la France, l'esclavage est couramment pratiqué, voire encouragé, par la Compagnie française des Indes, crée en 1719, qui a le monopole du commerce dans l’archipel y compris celui de la traite des esclaves. En 1725, la traite des esclaves devient libre moyennant le paiement d'un droit.
La législation coloniale s’appuie sur le Code Blanc qui règle les rapports entre colons avec les gouverneurs et les agents de la compagnie, le Code Ecclésiastique qui règle les rapports avec le Roi et la compagnie, et enfin le Code Noir. Edité en 1723, dans un but d'humanité, il visait à protéger les esclaves contre les abus de certains colons. Un sommet d’horreurs légiférées !
Vers 1720, les premiers plans de caféier importés d’Arabie sont cultivés dans l’île. C’est un succès et rapidement l’île devient le premier fournisseur de café du royaume de France. Sa prospérité économique attire de nombreux colons. Et augmente le besoin d’esclaves.
Traite à Zanzibar - côte africaine
De 1735 à 1746, la nomination au poste de gouverneur des Mascareignes de Bertrand François Mahé de La Bourdonnais va donner à la colonisation de l’île une nouvelle orientation. Il fait de Port-Louis sur l’île de France (Maurice) une capitale et de sa rade un port important pour la flotte militaire et commerciale. Il a pour Bourbon l’ambition d’en faire le grenier des Mascareignes. Pour permettre l’acheminement et le stockage des marchandises, il entreprend la construction de routes et d’entrepôts. Les besoins en main-d’oeuvre sont, bien entendu, assurés par une recrudescence de la traite.
L'île connaît une période de prospérité économique avec la culture des épices introduites par l'intendant des îles de France et de Bourbon, Pierre Poivre.

En 1789, alors que le canon tonne à la Bastille, l’île compte 61200 habitants, 10 000 blancs, 1200 affranchis et quelques 50 000 esclaves. Les échos de la Révolution parviennent sur Bourbon au début de 1790. Promptement, une Assemblée Coloniale prend le pouvoir et tempère l'élan révolutionnaire des insulaires.
Le 19 mars 1793, Bourbon change de nom et devient l'île de La Réunion, en référence au désir d'unité et d'égalité qui commande les idées révolutionnaires et en hommage à la réunion des Marseillais et des gardes nationaux lors de la prise du Palais des Tuileries le 10 août 1792.

En 1794, la Convention abolit l'esclavage, dans toutes les dépendances de la France. Les grands propriétaires rechignent devant cette loi, mieux les commissaires de la République venus pour la faire appliquer sont renvoyés sans ménagement.
A bord d'un navire négrier
En 1802, Napoléon rétablit l'esclavage et la traite à la demande de sa femme Joséphine de Beauharnais, créole des Antilles, qui appuie les revendications des planteurs.
L’Empire dissout l'Assemblée Coloniale, en 1803, et l’île qui prend le nom d’île Bonaparte redevient une dépendance de l'île de France.
A la même époque, la culture de la canne à sucre, jusqu’alors confidentielle prend son essor. Mais l’île est ravagée par de violents cyclones qui, en 1806 et 1807, entraînent misère et famine.
La fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle sont marqués dans l’Océan Indien par de nombreuses batailles navales entre Français et Britanniques. Ces derniers veulent à tout prix la maîtrise complète de la route des Indes et l’île de France devient un enjeu stratégique capital.
Dès 1794, un premier blocus anglais est repoussé par la flotte française basée à Port-Louis. Les Français jouent ensuite une carte où ils excellent, la guerre de course. Les navires corsaires font des ravages sous le commandement des Surcouf, Montaudevert, Lemême, Dutertre, Bazin, etc.
Excédés, les Britanniques décident la conquête pure et simple de l’archipel.
Vente d'esclaves sur Bourbon
Un corps expéditionnaire est envoyé, Rodrigues est prise en 1809, c’est là que les Anglais rassemblent les 10000 hommes qui vont conquérir l’ensemble des Mascareignes. L’île de la Réunion tombe le 7 juillet 1810, le 8 elle retrouve le nom de Bourbon. L’île de France résiste au premier assaut, c’est la bataille de Grand-Port, la seule victoire navale napoléonienne. Mais les Anglais débarquent dans le nord de l’île, largement inférieur en nombre les Français offrent leur reddition le 3 décembre 1810. Les Mascareignes sont anglaises. L’île de France est aussitôt rebaptisée Mauritius (Maurice). Robert Farquhar administre les îles, la traite est interdite, mais l'esclavage maintenu. L’économie de l’île souffre durant les cinq années que dure l’occupation anglaise. La majorité des habitants déclinent toute compromission, seuls quelques hauts fonctionnaires prêtent allégeance à l’Anglais et beaucoup de colons préfèrent quitter l’île
A la fin de l’épopée napoléonienne, en 1815, le traité de Paris rétrocède Bourbon, peu utile d’un point de vue maritime, mais les Britanniques conservent Maurice, Rodrigues et Les Seychelles.
Devenue, jusqu’à la conquête de Madagascar en 1896, la seule base française de la région, l’intérêt de la Métropole pour Bourbon grandit. Il faut cependant attendre près de 10 ans avant que l’organisation administrative et politique de la colonie soit fixée. Elle restera quasiment inchangée jusqu’en 1947.
La métropole manque de sucre aussi l'économie de l'île se tourne toute entière vers la culture de la canne.
Depuis 1815, les affaires publiques sont gérées par quelques grandes familles créoles blanches, en matière de vie politique et économique de la colonie la classe moyenne n'a aucun droit au chapitre.
Le 23 juillet 1830, Paris se révolte. En trois jours, le régime réactionnaire de Charles X est balayé au profit du duc d'Orléans, Louis-Philippe, cousin du roi destitué et chef du Parti libéral. Avec lui, la bourgeoisie prend les rênes du pouvoir. Trois mois plus tard, la nouvelle arrive sur Bourbon. Il faut 2 ans, aux libéraux de l’île, les francs-créoles, pour mettre fin à l’hégémonie de la pseudo aristocratie sucrière. En 1832, tous les hommes libres de Bourbon élisent le conseil général de l’île.
En 1848, l’île retrouve son nom de la Réunion.

Le 13 octobre 1848, Joseph Napoléon Sébastien Sarda, dit Sarda Garriga, le nouveau Gouverneur, commissaire général de la République débarque à Saint-Denis avec le décret de l'abolition de l'esclavage. La traite est abolie dans les textes depuis 1815, mais dans les faits n’a jamais cessé. Le 27 avril 1848, enfin, Victor Schoelcher fait voter l'abolition de l'esclavage en France et dans ses possessions.
Sarda Garriga, après une période de conciliation et d'explication auprès des planteurs, promulgue solennellement l'abolition de l'esclavage sur l'île, le 20 décembre 1848.
Famille d'Esclaves Cafres - à l'arrière plan : un homme est fouetté.
60 318 habitants de La Réunion, sur les 108 829 que compte l’île en 1848, découvrent la liberté. Aujourd'hui l'anniversaire de cet événement, qu'on appelle la "fêt caf " (la fête des caffres, des africains), prend de plus en plus d'ampleur au point de supplanter le 14 juillet.

Les paroles de Bernardin de Saint-Pierre, écrites en 1769, restent à jamais gravées dans les mémoires : "Je ne sais pas si le café et le sucre sont nécessaires au bonheur de l'Europe, mais je sais bien que ces deux végétaux ont fait le malheur de deux parties du monde."

De nombreux affranchis projettent de s’installer dans les " Hauts " dès l’acquisition d’un morceau de terre avec leurs maigres économies. Mais la majorité d’entre eux, après avoir quitté leur ancien maître, demeure à la périphérie des villes, où les conditions de vie sont difficiles. Néanmoins, l’année 1848 et l’émancipation ouvrent la voie au métissage de la population à La Réunion. Dans les années qui suivent, de nombreuses unions mixtes sont légitimées.

Pour remplacer les esclaves sur les plantations, les planteurs se tournent vers “l’engagement “. Des travailleurs sont recrutés sur la côte d'Afrique et à Madagascar, mais aussi en Inde et jusqu’en Chine. Ces engagés signent un contrat de 5 ans renouvelable et travaillent dans les plantations de l’île pour un salaire ridicule et dans des conditions de vie pas si éloignées de l’esclavage. Pendant vingt ans, les engagés débarquent au rythme de 3 à 5 000 personnes par année, 117 813 entre 1848 et 1885. Le plus grand nombre est rapatrié au terme du contrat, mais près de 46 000 demeurent sur l'île.
Sarda Garriga (1808-1877)
le 20 décembre 1948
Les Indiens sont à l'origine de l'important groupe ethnique actuel dit « Malbar » en référence à la côte de Malabar, au sud-Ouest de l’Inde. Dans le même temps, de nombreux Chinois s’installent dans l’île où ils exercent leurs talents dans le commerce de détail. La diversité ethnique de l’île s’élargit.
En revanche, la population n’augmente pas, des épidémies importées avec les "engagés" font des ravages. Choléra, variole et même peste s'ajoutent au paludisme endémique. La mortalité infantile est énorme. Pour la première fois de son histoire, la population de la Réunion stagne pendant plus d'un demi-siècle.

Dès 1861, le sucre de canne est concurrencé par le sucre de betterave. L'année suivante, une crise sucrière s'amorce, les cours s’effondrent et de nombreuses usines ferment leurs portes.

En 1869, l’ouverture du canal de Suez sinistre le trafic maritime sur la route du cap de Bonne-Espérance, et isole la Réunion dans l'océan Indien. D’autant qu’à partir de 1880, la France renouvelle ses prétentions sur Madagascar. La petite île perd d’un coup tout intérêt stratégique, économique en même temps que tout poids politique.
Plantation de canne à sucre
De 1870 à 1915, l'île voit sombrer sa production sucrière. On tente de nouveaux débouchés, en 1895, avec l'introduction des plantes à parfums et la production d’huiles essentielles. Mais l’économie ne décolle pas.

La Première Guerre Mondiale favorise La Réunion. L'ennemi occupe les départements producteurs de betteraves et le cours du sucre réunionnais remonte.
En 1920, les grands propriétaires, les industriels et les exportateurs sont parvenus à accumuler des capitaux importants qui permettent un redressement économique jusqu'en 1940. Une embellie à laquelle la majorité du peuple n’est pas conviée.

Durant la Seconde Guerre mondiale, obligée de vivre en autarcie l'île remplace les cultures d'exportation (canne à sucre, huiles essentielles) par des cultures vivrières. La misère est partout.
Dégat d'un cyclone en 1904 - Saint-Denis
Le 19 mars 1946, l'Assemblée Nationale vote en faveur de la départementalisation. Pour l'économie réunionnaise, ce passage du statut de colonie à celui de département d'outre-mer (DOM) est une révolution. L'île obtient en matières politiques et sociales une quasi-égalité avec la métropole. En même temps, qu’elle se libère de la dynamique selon laquelle une colonie doit rapporter davantage à la métropole qu'elle ne lui coûte .
La départementalisation entraîne un bouleversement économique et social. Tous les secteurs en bénéficient, modernisation des infrastructures : routes, ports et aéroports, centrales thermiques et hydroélectriques, optimisation de l'équipement industriel, amélioration de l'habitat et des conditions sociales avec l'instauration de services publics.
Le clivage traditionnel familles fortunées et masse paupérisée (plus de 80% de la population) de la société créole se transforme avec l’apparition d’une classe moyenne qui oeuvre dans les administrations, les services publics, ou les grandes entreprises qui s’installent sur le sol réunionnais.

Dans les années 70-80, les progrès et la démocratisation du transport aérien permettent un développement d’un secteur jusqu’à là confidentiel, le tourisme.
En 1982, l’île devient une région française et se dote donc d’un conseil régional qui, depuis 1983, administre également les Îles Éparses : l’Archipel des Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India, et Europa dans le canal du Mozambique, et l’île de Tromelin dans l’Océan Indien. Ces bouts de terres isolées et leur ZEE, zone d’économie exclusive, (en fait une extension pour la protection et la gestion des ressources naturelles à 200 miles marins de la notion d’eaux territoriales, limitée elle à 12 miles), ces îles désertes ou peuplées par des météorologistes, des scientifiques et des détachements militaires sont un laboratoire d’études permanent autant qu’un sanctuaire pour de nombreuses espèces animales (tortue, corail, etc). Voir carte - Îles Éparses.

La Réunion partage avec les autres DOM français, les Açores, les Canaries et Madère la particularité d’être un territoire de l'Union Européenne en dehors du continent Européen.
A ce titre, elle bénéficie du statut de région ultrapériphérique depuis le traité d’Amsterdam en 1997.
Une région ultrapériphérique française...
La suite de l’histoire se confond avec celle de la Métropole, cyclone, douceur du climat et Radio-Freedom, mis à part.

Aujourd’hui avec 710 000 habitants, la Réunion est le département d'Outre-Mer le plus peuplé. Concentrée sur le littoral, c’est une population métissée, multi-ethnique et surtout très jeune (40% à moins de 20 ans).
L’île, bien que bénéficiant d'aides et subventions de l'Etat français et de l'Union Européenne, voit son fragile équilibre social et économique, largement menacé par la poussée démographique et, comme en Métropole, par l’augmentation du nombre de chômeurs, qui confine ici à la catastrophe avec plus du tiers de la population active.
Un paramètre économique qui n’est pas sans poser de réelles questions quant à l’avenir de l’île où de plus des mesures de santé publique telles que la lutte contre l’alcoolisme doivent être rapidement prises.
Mais l’île fonctionne, plus encore que la Métropole, selon le sacro-saint principe français du passe-droit et de l’hérédité et la poignée de décideurs qui concentrent dans leurs mains les pouvoirs économiques et politiques ne semblent pas actuellement en mesure d’apporter des solutions à ces problèmes qui ne les concernent de toute façon pas.
Dans une zone géographico-économique difficile où l’activité et l’innovation sont les seuls garants d’un avenir, le problème de la Réunion n’est pas réunionnais, il est d’être à la traîne d’un pays qui se contente de subvenir aux besoins sans lui non plus se préoccuper du lendemain.
Mais les réunionnais peuvent-ils imaginer un autre parcours, quand ils sont, grâce aux programmes d’aides sociales et autres subventions, parmi les mieux lotis des populations de l’océan Indien. Pourtant l’idée fait son chemin chez une poignée de jeunes entrepreneurs, mais les caciques s’arc-boutent sur leurs prérogatives.
En 2005, Aedes albopictus un moustique porteur du virus du Chikungunya fait son apparition dans l’île. Déjà recensé en Afrique de l’Est, depuis 1952, le Chikungunya (un mot swahili qui signifie, la maladie de l’homme couché), fait une première vague de victimes à peine suffisante pour que quelques médecins de l’île alertent par précaution l’institut de veille sanitaire. Avec l’arrivée de l’été austral, fin 2005, le Chick (son surnom réunionnais) a un réveil brutal. Mais si douleurs musculaires, articulaires et fatigues durant quelques semaines sont le lot général, le danger peut-être mortel pour les personnes âgées, les jeunes enfants et les personnes en mauvaise santé.
La mesure du phénomène tarde à être prise, en quelques mois le nombre de victimes atteint quasiment le tiers de la population.
Dommage pour la Réunion, car au même moment l’Europe et le Monde vivent dans la hantise d’un autre virus, le H5N1, la grippe aviaire. C’est tout juste si les médias métropolitains mentionnent le Chick. Assez cependant pour que les touristes annulent en masse leurs séjours dans l’île. Les réunionnais sont furieux, mais ils sont loin.
Finalement l’armée est mobilisée pour démoustiquer. C’est un peu effrayant, alors les caméras les suivent durant quelques jours, mais un moustique et plus encore une larve de moustique, c’est si petit...
“Le Moustique Tigre“
Aedes albopictus
“Mr Chick“

Aedes albopictus est très agressif et pique pendant la journée et au crépuscule, la plupart du temps à l'extérieur des maisons, contrairement au genre Culex qui pique la nuit et à l'intérieur des maisons. Il est sombre, tacheté de blanc ("albopictus"), d'où son surnom "Moustique tigre".
L’épidémie majeure sévit dans l’Océan indien depuis début 2005. On dénombre depuis mars 2005 environ 255 000 cas sur l’île de La Réunion (dont 201 mortels directement ou indirectement imputables au Chikungunya). Depuis janvier 2006, plus de 6 000 cas à Mayotte, près de 9 000 cas aux Seychelles, 6 000 cas à l’île Maurice, 8 cas aux Comores et deux cas à Madagascar (bilan de l’Institut de veille sanitaire, début mai 2006).
Il n’existe à ce jour aucun vaccin contre le Chik, ni aucune médication préventive. Une seule solution, se prémunir contre les piqûres du moustique. Après la pause de l’hiver austral, les réunionnais attendent le réveil du tigre avec quelques inquiétudes.

Campagne de Démoustication en 2006
Les Liens Utiles ou pas...

Portail réunionnais, une bible ! - clic ! -

Autre Portail, Plein d'infos - clic ! -

Encyclopédique - clic ! -

Des Mascareignes et des Photos - clic ! -

Des Photos tout plein... - clic ! -

+ sur Sarda Garriga - clic ! -

République

Française