Olivier ROLIN
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Né en 1947. Sa participation au mouvement "gauchiste" de la fin des années 60 et du début des années 70 n’est pas sans rapport avec l'écriture de son premier roman, Phénomène futur. Il a écrit des romans, des carnets de voyage, des récits, et pratiqué les métiers du journalisme - critique littéraire et reportages (Il a réalisé de nombreux reportages pour Libération, et Le Nouvel observateur.) - et de l’édition.
Ses romans sont de véritables invitations au voyage, comme son bouleversant Port Soudan, récompensé par le Prix Fémina en 1994.
Quatre ans plus tard, il signe Méroé, roman poétique et formidable réflexion sur le temps.
En 2000 il écrit un dernier opus intitulé la Langue, dialogue entre une serveuse et un client de passage. "...c'est une histoire progressive de séduction/éducation mutuelles, l'invention d'une fantaisie commune par la liberté des mots".
Editeur au Seuil, il vit aujourd'hui de son propre aveu "comme un bourgeois". Même si l'écriture n'a pour lui rien d'une activité bourgeoise.

"A présent que l'écrivain est devenu un être déplacé, c'est un des derniers privilèges hérités de sa gloire passée que d'avoir droit, dans une certaine mesure, à la bizarrerie", écrit-il dans Méroé. Evidemment, cet homme-là n'est pas fasciné par la NRF. La figure de l'écrivain, il la retrouve plus en Malcolm Lowry ou en Joyce que chez Gide. Pour lui, l'écriture est un dépaysement. Elle est la forme la plus radicale de l'éloignement et de la révolte, parce qu'elle donne à l'écrivain - exilé et nécessairement humaniste selon lui - le privilège de "l'extraterritorialité et de l'extravagance". Mais Rolin, qui veut toucher la matière du monde avec ses mots, ne joue pas aux poètes maudits. Loin de là. S'il joue parfois (mais il ne faut pas prendre au mot ce "vieux gaucho" au regard rieur), c'est à un jeu plus dangereux. Celui de l'ironie sur les choses et sur soi.

"L' idée des "Paysages origines" m'est venue à I'improviste: j'avais, dans un roman (Méroé), écrit une phrase où il était question des paysages de I'enfance que, sa vie durant, on ne quittera jamais complétement - quelque chose comme ça. Je dois reconnaître que, lorsque j'écrivais cette phrase, je n'étais pas tout à fait certain qu'elle eût un sens précis, dont je pusse répondre. C'était, plutôt qu'une idée, un rythme demi-inconscient qui me poussait (je sais bien lequel: celui d'un passage de Paulina 1880, le roman de Pierre-Jean Jouve, où il est question - je cite de mémoire - de cette " unique première vision du corps, et aussi de l' âme, du corps animé, qui ne s'effacera jamais plus, et même pas dans l'au-delà de la mort " : rien à voir avec mon propos du moment, donc. Cette façon un peu somnambulique d'écrire, cela arrive. Il ne faut pas en abuser, mais enfin cela arrive. Cependant, ii me parut à la réflexion qu'il y avait bien, dans cette phrase qui m'avait presque échappé, un soupçon de vérité, et même d'une vérité qui pût s'appliquer à la littérature: les lieux des années d'apprentissage devaient émettre, à travers toute I'oeuvre d'un écrivain (et bien au-delà de leur image explicite), quelque chose de comparable à ce qu'on nomme je crois, en astrophysique, un " rayonnement fossile " : une sorte de signature de I'origine. “
Olivier Rolin
Bibliographie :

Phénomène futur, Seuil, " Fiction & Cie ", 1983
Bar des flots noirs, Seuil, " Fiction & Cie ", 1987
En Russie, Quai Voltaire, 1987
Sept villes, Rivages, 1988
L’Invention du monde, Seuil, " Fiction & Cie ", 1993
Port-Soudan, Seuil, " Fiction & Cie ", 1994, Prix Fémina 1994
Mon galurin gris, Seuil, " Fiction & Cie ", 1997
Méroé, Seuil, " Fiction & Cie ", 1998
Paysages originels, Seuil, " Fiction & Cie ", 1999
La Langue, suivi de Mal placé, déplacé, Verdier, 2000.
Tigre en papier, Seuil 2002
Suite à l'hôtel Crystal : roman, Seuil, 2004
Rooms, Seuil 2006
Une invitation au voyage, BNF, 2006