Hervé HAMON
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Né en 1946 à Saint-Brieuc, professeur de philosophie, puis journaliste et écrivain, il est l'auteur de nombreux ouvrages. En collaboration avec Patrick Rotman, il publie des livres d'enquête ("Les porteurs de valises", "Les Intellocrates", "Génération), avant de se consacrer à des ouvrages plus littéraires où la mer tient une place importante ("Besoin de mer", "L'Abeille d'Ouessant"). Editeur, il est aussi scénariste et documentariste.
Le Prix Nadar 2001, surnommé le "Goncourt de la Photographie", a été décerné à l'ouvrage "Le Livre des tempêtes, à bord de l'Abeille Flandre", paru aux éditions du Seuil, qui réunit les photographies de Jean Gaumy et un récit de Hervé Hamon.

Hervé Hamon ne s'est pas converti à la mer. Il y est revenu et en repartira peut-être. Il dit: "Ce n'est pas marrant d'être prisonnier. De la mer ou d'autre chose. Le vrai bonheur, le vrai pouvoir, c'est de changer de terrain."

Il était l'un de ces sociologues de l'instant qui prennent le temps de creuser jusqu'aux fondations des phénomènes d'époque, il était l'un de ces météorologues du temps présent qui aiment à comprendre la mécanique des dépressions sociales et des anticyclones économiques. Avec Patrick Rotman, son alter ego mais aussi son double inverse, ils avaient travaillé sur les porteurs de valises lors de la guerre d'Algérie, sur le milieu intellectuel et le système des prix littéraires, sur les profs à l'heure de la démocratisation de l'enseignement, sur la génération 68 et sur la CFDT, sur Rocard et sur Montand. Hamon, le Breton, fils de cathos de gauche, philosophe de formation et Rotman, le Parisien, fils de communistes et historien de culture, constituaient un impeccable tandem, unissant ses forces pour radiographier des univers et des hommes. Association très professionnelle, répartition des tâches, engueulades inexistantes, et des succès de librairie en veux-tu, en voilà. Seul risque: le syndrome Dupond-Dupont, l'indifférenciation, l'engluement dans le couple. L'un et l'autre se sont fatigués "d'être attelés comme des bœufs". L'un et l'autre se sont éloignés, sans acrimonie, en silence.
Hamon a squatté les salles d'op et les ambulances des urgentistes. Puis, il a jeté son dévolu sur d'autres sauveteurs, les secouristes des gens de mer, l'équipage du remorqueur L'Abeille-Flandres qui chasse les tempêtes et vient à la rescousse des cargos en perdition au large d'Ouessant. Comme à l'accoutumée, il s'est plongé jusqu'au cou dans ce nouveau milieu, sachant mieux que personne que la compréhension des autres s'indexe sur le temps passé avec. Il a réglé son emploi du temps sur les avis de grand frais. Les éditions du Seuil ont vu leur directeur de collection engouffrer les Paris-Brest à mesure que le remorqueur réclamait les services de son observateur privilégié.
à retrouver ses rivages d'enfance, l'auteur a réindividualisé son propos, il a commencé à dire "je", à témoigner de ses goûts et de ses itinéraires, de ses convictions et de ses plaisirs et l'écrivain s'est vu reconnaître une écriture à son quatorzième livre, comme si la double signature et les soucis du réel l'avaient longtemps masquée.
Et Hamon de constater: "Je n'ai pas choisi la mer et elle ne m'a pas choisi. J'ai la mer comme certains amis ont la foi: par foudre innocente, étrangère à la raison et au calcul."
Bibliographie :

Les Porteurs de valise, avec Patrick Rotman (Albin Michel 1979).

Les Intellocrates, avec Patrick Rotman (Ramsay 1981).

Génération, avec Patrick Rotman (Seuil 1987).

Besoin de mer (Seuil 1997).

L'Abeille d'Ouessant (Seuil 1999).

Le Vent du plaisir (Seuil 2001).

Tant qu'il y aura des élèves (Seuil, 2004)

Paquebot : roman (Edition du Panama, 2007)