Ken BUGUL
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Mariétou Biléoma Mbaye de son vrai nom est née en 1948 à Louga, dans le Ndukumaan au Sénégal, et vit actuellement au Bénin.
Elle fait ses études secondaires à Thiès, puis à l'Université de Dakar avant d'obtenir une bourse du Centre National du Livre en 1995.
Diplômée de langues, spécialiste du développement et de la planification familiale, elle signe ses ouvrages sous le pseudonyme de Ken Bugul qui signifie, en wolof, "personne n'en veut". C'est également le nom de l'héroïne de son premier roman, Le Baobab fou (NEA, 1982), qui connut un succès de scandale. L'auteur y décrit le malaise d'une jeune femme prise dans le carcan d'une Afrique traditionnelle et féodale.
Fascinée par la culture occidentale, elle part étudier en Belgique, où elle se perd dans les méandres de la drogue et de la prostitution avant de revenir au pays pour "renaître". Cendres et braises (L'Harmattan, 1994) est une suite du Baobab fou et confirme une démarche résolument autobiographique. La narration à la première personne et le changement de nom du personnage principal, rebaptisé Marie Ndiaga Mbaye, en sont les signes flagrants. L'héroïne quitte à nouveau son village natal pour la capitale puis la France. Un Blanc marié, Monsieur Y, l'installe en effet à Paris où elle mène la belle vie. Mais les relations entre les deux amants se dégradent et leurs déchirements ne prennent fin qu'avec le retour de Marie Ndiaga en Afrique.
Elle retrouve ses origines et une forme de paix qui trouve son épanouissement dans un troisième volet, Riwan et le chemin de sable (Présence Africaine, 1999). Roman de la réconciliation, l'ouvrage fait l'éloge de la société traditionnelle et de la polygamie. Fi de la tentation occidentale et des accents féministes initiaux ! Le récit cultive l'oralité, s'enracine dans la culture africaine, entrecroise les existences de plusieurs femmes et non plus d'une seule. Car Ken Bugul s'intéresse désormais moins à l'individu qu'à la communauté.
Son ouvrage, La Folie et la Mort (Pensée Africaine, 2001) en est exemplaire. Les destins tragiques de Mom Dioum et Yaw, Fatou Ngouye et Yoro, illustrent les désordres d'un continent en proie aux dictatures les plus absurdes. Marquant un tournant dans son œuvre, cette sombre satire chante le désespoir du peuple africain et ses luttes quotidiennes.
Bibliographie :

Le Baobab fou (NEA, 1982)
Cendres et braises (L'Harmattan, 1994)
Riwan ou le Chemin de Sable (Présence Africaine, 1999, Grand Prix Littéraire de l'Afrique Noire)
La Folie et la Mort (Pensée Africaine, 2001)
De l'autre côté du regard (2003)
Rue Félix Faure (2005)
La Pièce d'or (2006)