John H. SPEKE
James A. GRANT
Richard F. BURTON
Avec ces trois-là c’est la grande question des sources du Nil qui est posée. La connaissance géographique de la région des grands lacs est encore très approximative en ce milieu du XIXe.

Richard Francis Burton, est un anglo-irlandais ancien officier de l’Armée des Indes, spécialiste de la langue et la culture arabe (il a réussi à s’introduire à la Mecque). Burton est également poète à ses heures mais aussi l’émérite traducteur de textes érotiques (Les Mille et Une Nuits). Il rencontre à Aden en 1854, John Hanning Speke, fils de famille aristocrate et lui aussi ex-officier. Les deux hommes se passionnent pour cette énigme du Nil. Résoudre cette question est un chalenge qui répond à leur soif d’aventure et à l’ambition qui les animent. Ils rentrent à Londres pour préparer leur expédition. La Royal Geographical Society et l’éditeur Laurence Oliphant appuient et financent leur projet.
Le Nil Bleu Khartoum 1872
Ils reviennent en Afrique par Zanzibar et le 17 juin 1857, ils quittent Bagamoyo à la tête d’une importante colonne de porteurs.
Le 13 février 1858, ils découvrent le lac Tanganyika à Ujiji. Ils explorent la rive Est en pirogue et arrivent à la rivière Ruzizi. Conternation, celle-ci ne prend pas sa source dans le lac, elle s’y jette. Malades, les deux hommes ne peuvent continuer leur exploration complète du Tanganyika, mais ils échafaudent là l’hypothèse que celui-çi pourrait être quand même à l’origine du grand fleuve.
Pause Lecture pour...l'explorateur !
Burton se rétablit lentement à Tabora, pendant que Speke poursuit seul son périple vers le Nord suite à une relation que vient de lui faire un de ses guides arabes,qui lui signale un autre et immense lac Le 30 juillet 1858, il découvre ce lac connu sous le nom de lac Nyanza par les indigènes qu’il rebaptise Lac Victoria. " Ce lac est si large qu’on ne peut d’une rive apercevoir la rive opposée. C’est un lac immense à la mesure de l’empire britannique : voilà pourquoi je l’ai baptisé Victoria. "
Sans preuve tangible – seul et myope comme une taupe, il n’entreprend pas le tour du lac - il pressent que là est la réponse et décide que le lac Victoria est la source du Nil Blanc.
Après trois ans d’exploration, les deux hommes rentrent en Angleterre. Chacun défend âprement sa théorie. Le talent d’écrivain de Burton lui donne l’avantage, quand il publie “Voyage aux grands lacs de L’Afrique équatoriale“.
Dépité, Speke repart en Afrique, toujours appuyé par la Royal Geographical Society qui veut des certitudes pour enfin trancher cette question. Pour ce second voyage, il est accompagné par un autre ancien officier de l’Armée des Indes, James A. Grant.
Ils prennent la direction du Lac Victoria. Le 28 juillet 1862, Speke et Grant atteignent l’endroit où le fleuve s’échappe du lac aux environs de l’actuelle ville de Jinja (Ouganda) et découvrent les Rippon (Bujagali) Falls.
Les deux hommes poursuivent leur expédition en suivant le fleuve, ils trouvent à Gondokoro, le découvreur du Lac Albert et des Murchinsons Falls, Samuel Baker et Madame qui eux arrivent du Soudan.
A bout de force, de vivres et pressés d’écrire la relation de leur expédition, Speke et Grant rentrent en Angleterre, persuadés de la véracité de leur découverte.
Les expéditions de 1857-1860 et 1862-1863
Speke publie, en 1864, son ouvrage “Journal of the discovery of the source of the Nil“. Burton ne change pas d’avis, pour lui le Tanganyika est la seule et unique source du Nil.
La polémique entre Speke et Burton sera réglée devant les membres de la Royal Geographical Society. Speke ne connaîtra jamais le verdict qui lui est favorable, il meurt la veille de la confrontation d’un accident de chasse. Quant à Burton pour cacher son dépit, il se fait nommer à un poste diplomatique au Brésil.
Il faudra attendre L’expédition de Stanley en 1876 qui navigue sur le pourtour du Victoria et suit le cours complet du Congo pour clore ce chapitre riche en rebondissement de l’exploration du Nil, le Bahr el-Abiad des Africains.
Speke s'oppose à l'esclavagisme
Stanley par la suite tente de localiser les mystérieuses montagnes mentionnées par Claudius Ptolémée, le mathématicien et géographe grec qui affirmait que les sources du Nil étaient “les Montagnes de la Lune qui nourrissent de leurs neiges les lacs, sources du Nil“. Le 24 mai 1888, il découvre les Ruwenzori, des montagnes à l’ouest du lac Victoria. Le bassin versant du grand fleuve africain est à présent connu sinon cartographié.
Et pourtant l’hérésie géographique que constitue la décision de considérer le lac Victoria comme la source du Nil n’a jamais reçu l’approbation de l’ensemble de la communauté scientifique. Les Britanniques étaient contents, mais que faisaient-ils donc des rivières qui alimentent le grand lac ?

Quant au Nil Bleu, qui rejoint le Nil Blanc au Soudan à Khartoum, sa source fut découverte très tôt au XVIIe par un jésuite espagnol le Père Paez.
En Voyage dans la zone du lac Tana en Ethiopie, il remarque qu’un fleuve le “Petit Abbai“ s’y jette à l’Ouest pour en ressortir aussitôt au Sud sous le nom de “Grand Abbai“, c’est le Nil Bleu. Une observation confirmée bien des annéess plus tard par l’Ecossais James Bruce (1730-1794) qui parcourt l’Abyssinie de 1768 à 1773
Speke devant les Bujagali Falls
Carnet de John Speke 1862
Confluent des 2 Nil - Soudan